mercredi 19 mars 2014

QUEL POULAILLER AUJOURD’HUI?


La basse cour a toujours été un moyen de valoriser les déchets du quotidien à la campagne. Sur le fumier les poules trient ce qui leur plait et enrichient le compost avec leur fiante. Elles peuvent consommer jusqu'à 150kg de déchets organiques par an chacune. Ce fonctionnement serait-il transposable en milieu urbain? Si oui quelle forme donner à un poulailler public? Et quelle est la place pour une poule aujourd’hui en ville?

TROY est un poulailler capable d’aller en zone sensible, rude de l’extérieur mais aménagé confortablement à l’intérieur. Dans la lignée des unités de fermes urbaines UFU, il incarne l’unité poulailler. Sous les pressions de son environnement, il se barricade dans un container pour protéger ses pensionnaires. La forme obtenue se veut symbolique de cette situation : la seule solution pour être dans l'espace public c'est la "mise en boîte" des équipements et le développement à la verticale de la structure. Charge au designer d'aménager ensuite chaleureusement l'intérieur. Pour que l’objet provoque la discussion, TROY sera placé volontairement dans la rue, dans le flux. Il fonctionnera comme un équipement collectif.

Évidemment il faudra dessiner TROY pour être adapté au mieux à l’élevage et au bien-être animal. Légalement la poule de plein air doit disposer de 3m2 de parcours extérieur (4m2 en bio) : comment trouver cet espace en ville? De plus la poule côtoie l’Homme depuis la nuit des temps, le rapport est très intime et donc sera délicat à manipuler. Ainsi faudra t-il trouver l'équilibre entre le dessin d'un poulailler futuriste et  la viabilité technique de l'élevage.

Ensuite la difficulté sera dans l’organisation du fonctionnement au quotidien et la fidélisation d’une équipe de « maîtres-poulailleurs ». Comme dans les jardins partagés il est important de former une équipe soudée, de trouver le fonctionnement adéquat, de répartir les responsabilités. TROY conçu comme un poulailler collectif sera une longue aventure et son dessin se modifiera sûrement au fur et à mesure de l’expérience.

Le temps d’un été à Chamarande sera idéal pour tester une première version et voir comment l’objet sera accueilli.


La référence au cheval de Troie permet de donner une dimension symbolique au projet et de penser le projet avec l'épaisseur des ans, des millénaires de pratiques agricoles, et pas seulement des préoccupations contemporaines quant à l'urgence écologique. Quel signal doit on lancer aujourd'hui quant au gaspillage alimentaire? Comment orienter le débât de l'agriculture urbaine? TROY jette un pavé dans la marre et débarque en ville pour faire bouger les choses de l'intérieur.